Oikocredit étoffe son programme de soutien et d’accompagnement aux exploitants agricoles
Apporter une contribution monétaire seule ne suffit plus dans le cadre de l’investissement à impact social, et Oikocredit l’a bien compris. Pour aider les petits exploitants agricoles à faire face aux aléas météorologiques, de plus en plus fréquents avec la crise climatique, la coopérative de finance durable mise sur ses activités d’accompagnement et de formation.
Renforcer les capacités agricoles: un pilier essentiel du développement
Chez Oikocredit nous avons fait de l’agriculture le fer de lance de notreprogramme de soutien non financier, appelé “renforcement des capacités”. Ce dernier vise à accroître la résilience des communautés à faible revenu qui vivent majoritairement dans les zones rurales, et qui dépendent de l’agriculture pour leurs moyens de subsistance et leur survie.
Barbara Rademaker, experte du renforcement des capacités au sein d’Oikocredit, précise à ce propos qu’“investir dans l'agriculture en Afrique subsaharienne peut être jusqu'à 11 fois plus efficace que dans d'autres secteurs pour lutter contre l'extrême pauvreté. ”
Au-delà, c’est toute une économie nationale qui se retrouve stimulée grâce au soutien non financier des exploitants. Barbara Rademaker le précise : “les gouvernements négligent souvent le secteur rural. En investissant dans l'agriculture paysanne et le développement rural centré sur les personnes, nous pouvons réellement améliorer les moyens de subsistance et créer des emplois durables”.
L’exemple d’Unaitas : le développement d’une méthodologie pour optimiser l’ensemble de la chaîne de valeur
Au Kenya, le renforcement des capacités déployé par Unaitas, partenaire historique d’Oikocredit, porte désormais ses fruits. La coopérative kényane de services d’épargne et de crédit met en place une stratégie d’intervention qui vise à améliorer la chaîne de valeur commerciale des petits exploitants pour, à terme, augmenter leurs revenus.
Auparavant, les financements des projets agricoles se limitaient simplement à soutenir les agriculteurs. Cependant, une prise de conscience a émergé quant à la nécessité d'adopter une nouvelle approche : le financement de l'ensemble de la chaîne de valeur. En effet, l'attention ne se porte plus uniquement sur l'agriculteur lui-même, mais aussi sur l'organisation de l'accès aux matières premières, la structuration des besoins en eau, et le lancement des produits sur le marché.
Cette méthodologie permet un suivi approfondi des cultures, un accompagnement des agriculteurs, et une réactivité accrue en cas de problème identifié dans une exploitation.
“Auparavant, les projets des agriculteurs étaient simplement financés. Mais nous avons ouvert les yeux sur la nécessité de développer une nouvelle méthodologie : le financement de la chaîne de valeur” explique Ken Karinga, chargé de développement commercial au sein d’Unaitas depuis plus 7 ans, lors d’une interview interne d’Oikocredit et donnée par Barbara Rademaker. “Nous ne nous focalisons pas seulement sur l’agriculteur en lui-même, mais sur comment organiser l’accès aux matières premières, comment structurer le besoin d’eau, comment lancer les produits sur le marché. Ce sont nos partenaires qui contribuent à cette méthodologie qui permet aussi de suivre de près les cultures, d’accompagner les agriculteurs et donc d’agir rapidement si l’on constate un problème sur une exploitation”.
Cette contribution est d’autant plus pertinente quand on sait que le secteur agricole kényan continue de jouer un rôle essentiel dans l'économie du pays : en 2022, il représente 21,2 % du produit intérieur brut (PIB) d’après WorldBank.
La crise climatique : l’épée de Damoclès des petits exploitants
Les conditions météorologiques, de plus en plus instables et imprévisibles, poussent les acteurs de la finance durable et solidaire à spécifiquement orienter leurs projets vers les risques climatiques.
Dans cette logique, Oikocredit travaille depuis 2017 avec Inclusive Guarantee, un courtier en micro-assurance, afin d'accélérer et de faciliter l’accès à une assurance indexée contre les risques liés aux conditions météorologiques. Le déploiement de ce projet comprend la formation des petits exploitants (dont 30 % de femmes), en matière d'éducation financière et la sensibilisation à l'assurance indexée agricole.
Ce sont les petits exploitants qui cultivent le coton, le millet, le riz, le sésame, le sorgho ou le soja au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, au Mali et au Sénégal qui en bénéficient pour le moment.
Le numérique au service des exploitants
Oikocredit mise également sur la formation à l’usage d’outils numériques pour améliorer l’efficacité opérationnelle. “Il est désormais possible d'utiliser les images satellites pour évaluer la qualité des cultures et des terres. La traduction de ces informations en conseils et en mesures pratiques et applicables dans les petites exploitations est souvent un défi, mais c’est réalisable.” explique Barbara Rademaker dans une interview dédiée à son expertise.
En identifiant les sources d’approvisionnement, les besoins des cultures (en eau notamment) et en facilitant l'accès au marché agro-alimentaire, ces applications soulagent les exploitants sur le long terme. Des projets de déploiement d’outils numériques pour améliorer la gestion agricole sont en cours au Ghana, au Bénin, en Côte d’Ivoire, et au Togo grâce à notre partenariat avec l’agritech ghanéenne Farmerline.
Des indicateurs de performance sociale pour mesurer l’impact des projets
Pour encadrer le développement des projets non financiers de renforcement des capacités, Oikocredit adhère à des normes strictes comme la Protection des Clients (PPC) pour assurer l'équité et la sécurité des clients des institutions financières et les Normes Universelles sur la Gestion de la Performance Sociale (USSPM) pour mesurer et améliorer les performances sociales des institutions de microfinance, renforçant ainsi la responsabilité et la transparence.
Pareillement, l'adhésion au Code de Protection des Consommateurs de Gogla garantit des produits et des pratiques de haute qualité dans le secteur de l'énergie solaire hors réseau, tout en répondant aux besoins spécifiques des communautés locales.
Chez Oikocredit, nous rassemblons également des données utiles sur la portée des projets, comme le fait que 2,6 millions d’exploitants ont bénéficié du soutien de notre réseau de partenaires, ce qui représente une hausse de 347% en glissement annuel. Plus d’informations sont disponibles dans notre rapport d’impact annuel, dont l’édition 2023 vient d’être publiée.