La nouvelle stratégie de Oikocredit sera axée sur les communautés
Oikocredit travaille depuis un certain temps avec ses partenaires pour développer une nouvelle stratégie pluriannuelle qui sera lancée en 2022. Cette stratégie comprendra comme élément novateur, une approche de l’investissement social axée sur la communauté.
Nous avons interviewé Nicolas Viedma, directeur des investissement au Brésil, José Humberto Ulloa, directeur des investissements pour la zone Amérique centrale et les Caraïbes) et Eduard Walkers, directeur régional de l’Amérique latine et les Caraïbes, à propos de cette nouvelle approche et de ses implications pour Oikocredit.
Qu’est-ce qui a déclenché le passage de Oikocredit à une approche axée sur les communautés ?
Nicolas Viedma : « Le nouvel accent mis sur les communautés a pour but d’accroître l’innovation dans le travail de Oikocredit et de s’appuyer sur notre objectif de longue date d’agir comme un catalyseur dans le secteur de l’investissement social. L’adoption d’une approche plus communautaire répond au principal besoin que nous constatons chez les personnes à faibles revenus : une plus grande résilience. C’est au niveau de la communauté que la résilience est la mieux renforcée. »
Eduard Walkers : « Si la microfinance et d’autres formes de prêts individuels sont bénéfiques, les problèmes liés à la pauvreté sont complexes. Des défis interdépendants au niveau communautaire - liés au logement, à l’éducation, à la santé ou aux infrastructures publiques - peuvent freiner les individus et affaiblir la résilience collective. Le manque d’accès à l’éducation, par exemple, est à la fois un problème individuel et collectif s’il n’y a pas d’école locale. »
José Humberto : « Notre nouvelle approche plus holistique vise à renforcer nos partenariats et à accroître l’impact des partenaires sur les communautés. De nombreux partenaires de Oikocredit se concentrent déjà sur les besoins des communautés pour aider leurs clients. Ils reconnaissent que le crédit n’est qu’un des besoins de leurs clients ou membres, et que les défis liés à la communauté changent au fil du temps, nécessitant des réponses agiles et innovantes. Le changement climatique, par exemple, inflige désormais chaque année des catastrophes aux personnes à faibles revenus d’Amérique centrale. Nos partenaires de microfinance dans la région vont donc au-delà des prêts et fournissent également des secours en cas de catastrophe. »
Comment Oikocredit met-il en œuvre cette nouvelle approche ?
Eduard Walkers : « Nous en sommes encore à un stade relativement précoce. Actuellement, nous identifions les partenaires dont nous pouvons apprendre de l’approche axée sur la communauté, puis nous observons et posons des questions. Nous examinons les besoins des communautés dans des secteurs tels que l’éducation, la santé, le logement, l’eau et l’assainissement, ainsi que les partenaires déjà actifs dans ces domaines. Nous utilisons le dialogue des partenaires avec les communautés avec lesquelles ils travaillent pour mieux comprendre ce qui est nécessaire localement et comment nous pouvons exploiter le soutien extérieur pour des projets qui augmentent la résilience des communautés. »
José Humberto : « L’idée est de développer des initiatives, en plus de notre travail régulier, dans lesquelles Oikocredit jouera le rôle de partenaire financier et fera appel à des partenaires techniques et sociaux aux capacités complémentaires, par exemple en fournissant des subventions, une assistance technique et des éléments d’infrastructure. Nous devons déterminer quels types d’alliances fonctionneront le mieux pour stimuler le développement de solutions au niveau communautaire. Un apprentissage important est donc en cours, et nous verrons ensuite quelles autres organisations alignées sur notre mission nous pouvons inclure pour ajouter de la valeur aux solutions que nos partenaires développent. »
Pouvez-vous donner un exemple spécifique d’un endroit où ce travail est bien avancé ?
José Humberto : « Au Salvador, par exemple, nous travaillons avec une organisation partenaire de longue date qui fournit une gamme de produits financiers aux ménages à faibles revenus pour acquérir et améliorer leur logement. Un autre partenaire au Salvador accorde des prêts aux municipalités locales pour améliorer les espaces publics, les parcs, les marchés et autres infrastructures communautaires. Nous sommes en conversation avec les deux partenaires pour apprendre comment ils appliquent une approche axée sur la communauté et pour discuter de la manière dont nous pouvons reproduire cela ensemble pour d’autres partenaires. »
Eduard Walkers : « Un autre exemple sur lequel nos collègues africains ont travaillé est le partenariat de 100 millions de dollars US que Oikocredit et Opportunity International ont récemment annoncé pour soutenir l’éducation dans les communautés à faibles revenus au Ghana, au Kenya, au Nigeria, au Sénégal et en Ouganda. Notre soutien aux institutions financières desservant les communautés vulnérables comprendra des capitaux pour les écoles, notamment des prêts pour l’amélioration des bâtiments scolaires et des salles de classe, ainsi que des prêts pour les frais de scolarité. Opportunity International assurera le renforcement des capacités des institutions financières et des écoles. »
Dans quelle mesure Oikocredit est-elle bien positionnée pour développer cette approche axée sur la communauté ?
Nicolas Viedma : « Nous sommes très bien placés. De nombreux partenaires de Oikocredit travaillent déjà dans ce sens. En tant qu’organisation, nous avons la capacité d’écouter et d’apprendre de nos partenaires qui travaillent en collaboration avec les communautés qu’ils servent, puis de nous appuyer sur notre réseau international pour rassembler de multiples parties prenantes. S’appuyer patiemment sur l’expérience de nos partenaires est l’une de nos forces. »
L’approche communautaire s’applique-t-elle également aux membres et investisseurs de Oikocredit, et entre nos partenaires ?
Eduard Walkers : « Oui. Traditionnellement, nous avions l’habitude de penser qu’une communauté signifie vos voisins, les personnes qui vivent autour de vous. Mais aujourd’hui, nous pouvons avoir une communauté dans le monde entier. Les membres, les investisseurs et les partenaires de Oikocredit, par exemple, constituent une communauté. Et nous faisons également partie d’une communauté d’investisseurs sociaux qui veulent collaborer pour apporter de la valeur aux personnes à faibles revenus dans le monde. »