Voyage d'étude en Equateur - mai 2016
Le séïsme de magnitude 7,8 qui a touché le pays le 16 avril ne nous a pas dissuadés, bien au contraire, d'aller à la rencontre de nos partenaires et leurs clients en mai dernier.
Pourquoi l'Equateur?
L'Equateur est très dépendant du pétrole (la moitié des revenus des exportations du pays et 25% des revenus du secteur public). La baisse du prix du pétrole a eu un lourd impact sur le budget des pouvoirs publics.
Malgré le succès du plan national Buen Vivir pour le développemement économique et social (qui vise prioritairement l'inclusion sociale et la gestion des ressources naturelles) la pauvreté, l'exclusion, le manque d'accès aux soins médicaux, les inégalités hommes/femmes, l'exclusion sont des problèmes persistants qui affectent les plus vulnérables du pays comme les femmes, les enfants, les peuples indigènes et les populations rurales. L'Equateur est en train de basculer d'une situation de pays bénéficiant d'une aide alimentaire à celle d'un pays pouvant gérer de façon autonome les problèmes de faim et malnutrition.
Le rôle d'Oikocredit en Equateur
Oikocredit travaille en Equateur par le biais de son bureau national établi à Quito en octobre 2004, mais les opérations d'Oikocredit dans le pays remontent à 1978. A cette époque, le premier prêt octroyé par Oikocredit en Amérique latine fut destiné à un organisme à but non lucratif qui soutenait les agriculteurs en Equateur. Depuis lors, Oikocredit a développé son portefeuille équatorien de manière significative avec des prêts et des investissements dans le pays qui se montent à 49 millions € à destination de près de 30 partenaires. Cette année, le voyage d'étude annuel d'Oikocredit est passé par l'Equateur, offrant à ses participants - investisseurs, salariés et bénévoles - une chance d'en apprendre davantage sur l'investissement social et le travail du bureau local d'Oikocredit et de ses partenaires dans le pays.
Un héros local symbole de fierté
Un des partenaires visités au cours du voyage d'étude était Cooperativa Daquilema dans la province rurale de Chimborazo, nichée dans les hauteurs des Andes équatoriennes. La coopérative porte le nom d'un dirigeant local autochtone, militant et martyr, Fernando Daquilema, qui milita contre l'exploitation de son peuple dans la deuxième moitié du 19ème siècle. Daquilema, qui est devenu depuis un symbole de fierté locale et de résilience dans la région, a été choisi pour représenter la coopérative, qui ancre les valeurs du héros dans sa mission.
Aujourd'hui, les peuples autochtones représentent 65% de la province de Chimborazo. La majorité d'entre eux vivent en dessous du seuil de pauvreté du pays, ils sont exclus du secteur financier traditionnel et sont souvent confrontés à la discrimination. Cooperativa Daquilema s'est donnée pour mission de restaurer la fierté et la confiance dans la population indigène et travaille presque exclusivement avec des emprunteurs autochtones. Le personnel de la coopérative porte le même costume traditionnel que celui que Daquilema portait lui-même et fait en sorte de toujours avoir du personnel parlant la langue quechua locale.
Des prêts destinés aux petites entreprises
Au cours du voyage d'étude, les participants ont visité un certain nombre de clients de Cooperativa Daquilema, dont Segundo Vilema, un chapelier de 70 ans propriétaire de son magasin à Riobamba, la capitale de la province de Chimborazo et où commença l’histoire de la coopérative de crédit Cooperativa Daquilema.
Pour Segundo, la chapellerie est devenue une seconde nature après 50 années d’activité. Le chapeau est un accessoire très important en Equateur, il est porté autant par les hommes que les femmes et fait partie intégrante de la tenue vestimentaire autochtone. Il y a 10 ans, l’affaire de Segundo était de petite taille mais les ambitions étaient fortes. Segundo voulait importer du feutre d’Italie pour fabriquer des fédoras équatoriens de la plus haute qualité. Il avait donc besoin de capital. C’est là qu’est intervenue Cooperativa Daquilema.
"Ils ont une approche sociale et veulent soutenir des personnes honnêtes et travailleuses comme moi", explique Segundo. Il dit retrouver chez eux ses valeurs et apprécie aussi la confiance et le soutien qu’ils lui accordent. "Ils me connaissent et savent que je rembourserai toujours mon emprunt".
La coopérative a accepté tous les prêts demandés par Segundo – le premier de 3.000 US$, le second de 6.000 et le dernier de 10.000. Ces investissements ont permis à Segundo d’accroître son affaire. L’augmentation de ses revenus lui a permis de financer les études de ses enfants. L’un d’eux a un doctorat en chimie.
Tout cela n'aurait pas été possible sans une institution de microfinance telle que Cooperativa Daquilema. La coopérative, qui valorise l'esprit d'entrepreneuriat, a permis à des gens comme Segundo d’avoir accès à des financements et de développer leur entreprise.
Cooperativa Daquilema a même mis en place des paiements électroniques par téléphone mobile dans un pays où peu de gens ont une ligne fixe mais où la plupart des 15 millions d'habitants ont un mobile : une étape supplémentaire importante vers l'inclusion financière des personnes autochtones à faible revenu.
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