Une gestion financière équilibrée
Interview d'Irene van Oostwaard, directrice financière, et Max Ogier, trésorier et rapporteur : comment intègrent-ils une dimension sociale dans leur métier de financiers ?
Depuis 40 ans, Oikocredit maintient un équilibre réel entre impact social et retour financier. L’exercice 2014 de la coopérative internationale s’est soldé une fois de plus par d’excellents résultats. Nous en avons profité pour évoquer avec Irene van Oostwaard (directrice financière) et Max Ogier (trésorier et rapporteur) leur travail au sein du service financier d’Oikocredit, ainsi que la dimension sociale qu'ils trouvent dans leur fonction.
Selon vous, qu’est-ce qui différencie Oikocredit d’autres institutions financières ?
Irene : "Pour moi, c’est notre démarche, qui apporte plus que des financements et fait que notre coopérative se concentre à parts égales sur les retours financiers et l’impact social. Ma spécialité, ce sont les finances : cette collaboration avec des collègues ayant une expérience plus axée sur le social a largement ouvert mon horizon, elle apporte un bon équilibre dans mon travail."
Max : "L’aspect social d’Oikocredit a été la principale raison pour laquelle j’ai rejoint l’entreprise il y a 10 ans. J’arrivais d’une société commerciale qui avait pour premier objectif de réaliser des profits, et j’ai apprécié le mélange de résultats économiques et sociaux d’Oikocredit. L’association entre une activité durable, fiable, socialement responsable et une présence forte à l’international me séduisait aussi."
En quoi le travail au sein du service Finances est-il intéressant ?
Irene : "Nous sommes un service relativement petit et devons relever par nous-mêmes tous les défis d’une structure en pleine croissance. Nous sommes donc vraiment dans le concret et pouvons nous impliquer pour prendre des initiatives et améliorer les processus."
Max : "D’une manière ou d’une autre, tous les aspects de notre coopérative passent à un moment donné par le service Finances, que ce soit pour la gestion des salaires et des dépenses ou encore les décaissements ou les remboursements par nos partenaires, et jusqu’à la publication des comptes, et l’établissement des budgets et rapports pour l’avenir. En tant que trésorier et rapporteur et étant donné notre forte exposition au risque de change, je m’investis beaucoup dans tout ce qui concerne les marges d’autofinancement et la couverture des risques. Rendre compte des évolutions d’Oikocredit et les analyser me confère une bonne compréhension en profondeur de notre situation actuelle et de celle vers laquelle nous tendons."
Quel éclairage la mission sociale d’Oikocredit donne-t-elle à votre travail de spécialistes financiers ?
Irene : "Elle éclaire de fait tout ce que nous faisons, même si cela n’apparaît pas de manière aussi flagrante que dans un travail de terrain. Nos rapports sur les activités internes comme externes s’équilibrent et doivent faire état des résultats non seulement financiers mais aussi sociaux. Lorsque nous étudions notre portefeuille d’investissements à terme ou les partenaires que nous finançons, nous veillons aussi à ce que tout cela respecte nos principes éthiques."
Max : "Nous sommes souvent en contact avec des partenaires pour les aider à résoudre toutes sortes de questions de trésorerie. Au final, notre travail consiste à maintenir les critères de développement social élevés qui ont fait la réputation d’Oikocredit."
Comment le secteur financier pourrait-il adopter des pratiques plus responsables sur le plan social ?
Irene : "Je pense que la crise financière a fait comprendre que pour réussir à être fiable et durable, une entreprise doit se concentrer en priorité sur les besoins de ses clients afin de bâtir leurs modèles économiques et leurs équipes en fonction de ceux-ci. Le secteur de la finance pourrait, à mon sens, mettre la responsabilité sociale de l’entreprise plus en avant. La plupart des sociétés ont des programmes pour cela, mais je pense que beaucoup d’entre elles pourraient véritablement intégrer cette notion à la base de leur modèle commercial."
Max : "Tout à fait d’accord. Intégrer progressivement des critères éthiques au sein des entreprises et remplacer le simple retour financier par un mélange de bienfaits sociaux et de résultats financiers pourrait faire une nette différence dans ce secteur. Oikocredit a su prouver au cours de ses 40 années d’existence que se concentrer sur les impacts à la fois économiques et sociaux est non seulement viable à long terme, mais également bon pour les investisseurs en raison de l'avantage éthique qu'ils y trouvent."